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Mise en contexte

Au cours de l’automne 2021, dans le cadre d’un séminaire thématique à la maitrise en arts visuels de l’Université Laval, deux étudiantes réalisent un projet qui « cartographie » la disparité homme-femme dans deux publications couvrant l’histoire des artistes importants de la préhistoire à aujourd’hui1. Les pages dédiées à des hommes sont identifiées par un post-it bleu alors que les pages dédiées à des femmes sont identifiées par un post-it rose. Les deux publications sont empilées l’une sur l’autre, la plus ancienne sous la plus récente, de sorte à ce que l’on constate éventuellement l’apparition graduelle des femmes dans le paysage des arts visuels. De ce projet découle une réflexion collective, d’entrée de jeu peut-être évidente, sur la place des femmes dans l’art actuel. Quels sont ces choix, intimement liés à l’expérience féminine, qui nuisent à ce jour à leur visibilité? Au sein de notre cohorte de maitrise, le nombre de femmes surpassent largement celui des hommes. On remarque le même phénomène dans le contexte plus large du baccalauréat, où, par ailleurs, force est de constater que, chaque année, ce sont surtout des femmes qui retournent aux études. À quoi donc attribuer cette difficulté d’intégration au monde des arts suite à la formation universitaire? La réflexion nous pousse à suivre un mouvement centrifuge qui nous emmène inévitablement à repenser les organismes et le système dans lesquels il nous faut s’insérer pour être reconnus et appuyés. De toutes les conditions d’admissibilité aux programmes de subvention dédiés aux artistes, l’une émerge comme plus problématique à cet égard: le critère principal sur lequel on s’appuie actuellement afin de définir la relève, notamment l’âge.

 

La relève artistique est définie, dans la plupart des organismes et conseils municipaux ou fédéraux, par une catégorie d’âge, le plus souvent 18-35 ans. Au fil de notre réflexion, nous avons amorcé une recherche, d’une part afin de rendre compte de notre situation immédiate, soit celle de la communauté universitaire de la Fabrique, et d’une autre afin d’en savoir davantage sur la situation plus générale dans notre province ainsi que dans le reste du Canada. Dans ce premier élan, nous avons informellement fait appel aux étudiants de la Fabrique sur les réseaux sociaux afin de connaitre leur âge ainsi que leur opinion sur le sujet. Les réponses se sont faites rapides et enthousiastes. Par ailleurs, elles nous ont obligé à nous abstraire un instant de notre pensée, initialement liée à la situation de la femme, pour constater le nombre important de parcours atypiques. Nos recherches nous ont également signifié le peu de programmes de subvention fonctionnant selon les années de pratique plutôt que l’âge. Nous avons aussi constaté un manque d’études ou d’accès à l’information flagrants sur internet à ce sujet.

 

 

À la lumière de ces résultats sommaires, nous avons de nouveau lancé un sondage, un peu plus extensif, que nous avons cette fois partagé sur les réseaux sociaux. Ce sondage n’a nullement la prétention d’être scientifique et nous reconnaissons la possibilité de biais. Toutefois, il a été réalisé dans l’optique de prendre rapidement le pouls de la communauté artistique de Québec et de donner du poids à notre requête. Il faut également mentionner que les résultats affichés plus bas ne témoignent que de quatre jours de récolte. Une pétition circule également afin de récolter l’appui de la communauté artistique plus large, dans l’espoir de rallier d’autres régions à notre cause au fil du temps. En conclusion, nous nous devons de noter que cette initiative est née dans un contexte académique et qu’il nous semblait impératif de profiter du momentum de la situation pour agir en tant que groupe. La présente proposition témoigne de cette nécessité d’agir promptement dans le contexte donné.

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1. Nous constatons que les conditions d’admissibilité actuelles aux programmes de subvention pour la relève concernant l'âge sont indirectement discriminatoires envers un groupe démographique plus spécifique: les femmes.

 

2. Nous constatons que les parcours sont de plus en plus atypiques: ces critères touchent de plus en plus d’artistes de la relève et réduisent considérablement le nombre d’années où l’on peut bénéficier de cette aide primordiale à l’avancement d’une jeune carrière.

 

3. Des programmes comme Première Ovation sont primordiaux à la professionnalisation des jeunes artistes. L’impossibilité d’être admissible à ces bourses constitue un frein majeur à l’avancement d’une carrière dans un milieu déjà difficile de s’inscrire professionnellement.

 

4. Malgré la nature particulière du travail d’artiste, pourquoi est-ce que l’avancement professionnel serait basé sur l’âge de l’individu et non sur son expérience, comme c’est le cas dans la plupart des domaines professionnels (ingénierie, architecture, médecine etc.)?

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Sous l’entité d’Une relève, nous nous rassemblons pour voir un changement au sein des programmes de subvention de la Ville de Québec. Nous demandons une révision des critères d’admissibilité à ces programmes. Nous savons ne pas être les seuls à faire cette demande, année après année, sans qu’il n’y ait de changement concret. Nous espérons que la création d’une entité puisse signifier le désir collectif de voir les choses réellement changer. Pour ce faire, nous proposons une modification de façon à prendre compte du nombre d’années de 6 pratique plutôt que de l’âge de l’artiste. Nous considérons que la définition de la relève par les programmes de subvention fonctionnant déjà avec un critère basé sur l’expérience plutôt que l’âge, soit sept années et moins de pratique en moyenne, est raisonnable.

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Argumentaire

Proposition

H.W Holzwarth, Art Now: A Cutting-edge Selection of Today’s Most Exciting Artists (Vol.3), 1 Cologne, Taschen, 2008, 320p. Et Stephen Farthing, Tout sur l’art: Mouvements et chefs-d’oeuvre, Montréal, Hurtubise, 2010, 520p. 2

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